Le président de la République Amadou Toumani Touré et  l'Ambassadeur de la Chine au Mali Monsieur ZHANG Guoqing ont procédé vendredi, dans la commune rurale de Dougabougou (Région de Ségou) au lancement des travaux du Nouveau complexe sucrier du Kala supérieur (N'Sukala). La grande mobilisation des populations de la « Cité des balanzan » était à la dimension de l'événement qui suscite tant d'espoir pour le pays en général et la quatrième Région en particulier.
La consommation nationale annuelle de sucre est estimée aujourd'hui à 150 000 tonnes pour une production de 35 000 tonnes, soit un déficit de 115 000 tonnes. Ce qui nous amène à débourser chaque année plus de 19 milliards de Fcfa pour couvrir nos besoins de consommation de sucre. Cette situation est paradoxale au regard des énormes potentialités dont dispose le pays notamment en superficie cultivable et en eau.
Voilà pourquoi, a rappelé le ministre de l'Industrie, des Investissements et du Commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, le gouvernement a préféré, au lieu d'un simple rafistolage de projets, un véritable projet refondateur qu'il a porté avec ses partenaires chinois afin d'inverser la tendance et faire du Mali à l'horizon 2012, un pays exportateur net de sucre pour satisfaire les besoins de toute la sous-région.
Le projet N'Sukala, véritable trait d'union entre les peuples chinois et malien sera réalisé dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant entre nos deux États. Ce partenariat sera mis en œuvre avec le groupe des industries légères qui dispose déjà d'une expérience avérée dans le domaine de l'industrie sucrière, mais aussi avec l'Exim Bank de Chine dont les concours financiers vont permettre le financement d'une part importante des investissements.
Le président directeur général du groupe de l'industrie légère de Chine Chen Xuezhong a indiqué que le gouvernement de son pays et Exim Bank de Chine accordent 33 milliards de Fcfa de prêt préférentiel et 26 milliards de Fcfa de prêt commercial dans le cadre du soutien à ce projet purement productif au bénéfice du pays.
Le projet comprend essentiellement deux volets : un volet agricole et un volet industriel. Le volet agricole va s'opérer dans une zone de 20 000 hectares où il n' y a jamais eu de mise en valeur. Ce qui est chose faite aujourd'hui. Des périmètres agricoles seront irrigués à partir des canaux Costes-Ongoïba et du Sahel à travers la technique dite de pivot qui permet d'économiser une importante quantité d'eau par rapport aux autres techniques couramment utilisées. La technique sera généralisée aux périmètres de l'actuelle Sukala contribuant ainsi à une utilisation rationnelle de l'eau.
Le nouveau complexe sucrier du Kala supérieur ambitionne de produire 100 000 tonnes de sucre par an contre les 35 000 tonnes actuellement. Le projet N'Sukala prévoit aussi l'aménagement de 5000 hectares pour permettre aux paysans de produire du riz concourant ainsi à la sécurité alimentaire du pays. Le projet va également fournir des produits dérivés, notamment de la mélasse pour la formulation de l'aliment bétail et de l'alcool pharmaceutique.
Dans son volet industriel, le projet comprend une usine de traitement de la canne à sucre d'une capacité de broyage de 6 000 tonnes de canne par jour extensible à 8 000 tonnes.
L'amitié de 50 ans qui unit notre pays à la Chine est légendaire, s'est réjoui le chef de l'État. Amadou Toumani Touré a profité de l'occasion pour réaffirmer la reconnaissance de notre pays à l'endroit de la République Populaire de Chine.
Evoquant les multiples gestes de la Chine vis à vis du Mali, Amadou Toumani Touré a rappelé que le 3ème pont de Bamako en construction est un cadeau d'anniversaire à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance qui sera célébré l'an prochain. Comme autres gestes de la Chine, le chef de l'État a énuméré, entre autres, les stades de San, Bougouni et Koutiala et les 10 maisons pour femmes et enfants, et les écoles rurales de Mopti et M'Pessoba.
Le projet N'Sukala contribuera à rééquilibrer notre balance commerciale. Il permettra de créer au moins 10 500 emplois permanents et saisonniers. Son coût de réalisation est estimé à 75 milliards de Fcfa dont 80% seront financés par Exim Bank de Chine.
Les projets N'Sukala et Sosumar de Markala dont les travaux démarreront durant le premier trimestre 2010 vont permettre à notre pays, à l'horizon 2012 de multiplier par 10, la production nationale actuelle de sucre. De 35 000 tonnes, celle-ci passera à 350 000 tonnes de sucre par an. Les projets sont véritablement à la dimension des ambitions des pouvoirs publics pour le pays.

                            (Source: L'ESSOR du 3 août 2009, par envoyés spéciaux S. DOUMBIA et et O. DIOP)