Quand la dissidence manipule l'opinion internationale
EMEUTES INTERETHNIQUES DU XINJIANG
2009-07-16 19:00

Depuis quelques jours, les Chaînes internationales occidentales se délectent des émeutes interethniques du Xinjiang (Chine). Pour elles, c'est une occasion de plus pour tirer à boulets rouges sur le régime de Pékin sans chercher à comprendre les vraies raisons de ces affrontements. Elles défendent aujourd'hui des musulmans qui sont pourtant opprimés et marginalisés par l'Occident. Pour la dissidence ouïghoure, c'est l'occasion de se donner une raison d'être aux yeux de l'opinion internationale qu'elle manipule.

 

« La Chine a donné à la presse étrangère une latitude inhabituelle pour couvrir les émeutes interethniques du Xinjiang » ! C'est le constat fait par un quotidien français. « Les correspondants étrangers ont pu se rendre dans la région et tout de même interroger la population locale, aussi bien des Hans que des Ouïghours. Une marge de manœuvre qui tranche notamment avec les strictes restrictions imposées au Tibet, autre région autonome, ultra-sensible, chinoise », a poursuivi l'organe de presse.

Malheureusement, cette liberté n'est jamais exploitée par la presse occidentale de façon équilibrée. Des informations volontairement déformées, des images truquées… continuent à être diffusées pour porter préjudice au régime de Beijing. Heureusement, que les autorités chinoises leur ont coupé l'herbe sous les pieds en diffusant largement les scènes d'émeutes. En occident, on s'intéresse plus aux moyens utilisés pour ramener la paix et la quiétude et non aux raisons de la colère des uns et des autres.

Le hic, c'est que les informations relayées confirment la position des autorités chinoises selon laquelle ces émeutes ont été savamment orchestrées de l'extérieur pour déstabiliser la région et valoriser davantage la dissidence ouïghour. Ainsi, celle-ci a demandé à la Suède, assurant la présidence de l'UE, « d'envoyer des observateurs dans le Xinjiang afin de faire cesser la répression brutale ».

« Nous craignons qu'il y ait de nouvelles victimes et c'est pourquoi nous appelons l'Union européenne et sa présidence suédoise à envoyer des observateurs dans la région afin de faire cesser la répression brutale », demandait un communiqué du Congrès ouïghour mondial. Signé.

 

Des ambitions inavouées

Comble de la manipulation, ce congrès accuse le gouvernement chinois d'être « derrière les conflits et les émeutes ». « Washington pourrait par exemple ouvrir un consulat à Urumqi. Ce serait un signal clair à l'adresse de la Chine pour montrer que les Etats-Unis ne sont pas indifférents à l'oppression de mon peuple », déclare la dissidente ouïghoure en exil. Et là où la manipulation de l'opposition devient flagrante, c'est quand la dissidente ouïghoure en exil, Rebiya Kadeer, appelle les Etats-Unis à s'engager en faveur du peuple ouïghour en ouvrant par exemple un consulat à Urumqi.

« Les Etats-Unis se sont déjà fortement engagés pour le Tibet. Ils devraient le faire aussi pour les Ouïghours », a déclaré Rebiya Kadeer, 62 ans, dans une interview parue le 12 juillet dans le magazine allemand, Focus. « Washington pourrait par exemple ouvrir un consulat à Urumqi.

Ce serait un signal clair à l'adresse de la Chine pour montrer que les Etats-Unis ne sont pas indifférents à l'oppression de mon peuple », a ajouté la dirigeante du Congrès mondial ouïghour (CMO), principal organe de la diaspora ouïghoure. Et pourtant, la dissidente reconnaît elle-même que « le gouvernement chinois nous a déjà octroyé une sorte d'autonomie… ». Cette demande d'ingérence européenne ou américaine prouve, si besoin en était encore, que les émeutes du Xinjiang sont l'œuvre des dissidents manipulés par l'occident.

C'est dire qu'après leur échec au Tibet, les lobbies occidentaux tentent aujourd'hui de déstabiliser la Chine dans la région du Xinjiang. « Nous avons constaté que le Congrès mondial ouïgour cherche depuis longtemps des occasions pour entreprendre, dans le territoire, ces actes de violence et de sabotage visant à perturber la stabilité et le développement de la région du Xinjiang. Cette situation lui permettrait ainsi de trouver son plus grand espace vital à l'étranger », a dénoncé M. Li Wei, directeur du service de recherches de la sécurité et de la stratégie à l'Institut chinois des relations internationales modernes.

Il a ajouté, « nous avons vu que lors des moments sensibles tant pour la célébration du 50e anniversaire de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, que pour les Jeux olympiques de Beijing et la célébration, cette année, du 60e anniversaire de la Chine nouvelle, il n'a cessé de cuisiner et de tramer des complots… Il a fomenté des troubles et fait des agitations à travers Internet ou en envoyant des individus dans le pays ».

Pour lui, « le conflit ordinaire entre des Ouïgours et des Hans le 26 juin dans une usine de jouets à Shaoguan dans la province du Guangdong n'est qu'une amorce utilisée par le Congrès mondial ouïgour pour fomenter les émeutes d'Utrumqi qui ont un fort objectif politique ». Et les appels d'ingérence lancés par la dissidence à l'Union européenne et aux Etats-Unis lui donnent parfaitement raison.

L'objectif à long terme du Congrès mondial ouïgour est de mener des activités scissionnistes en vue d'effectuer « la soi-disant proclamation d'un pays ». Mais, il lui est difficile de réaliser son objectif en comptant sur quelques individus ou en scandant quelques mots d'ordre à l'étranger. Pour trouver un soutien des forces antichinoises à l'étranger, ils doivent créer une situation de crise profitant à eux et leurs alliés occidentaux.

Il faut souligner que la dissidente, Rebiya, avait été condamnée par la juridiction chinoise à une peine d'emprisonnement pour l'atteinte à la sécurité de l'Etat et un crime financier grave. Mais, pour des considérations humanitaires, l'autorité compétente a autorisé son élargissement sous caution pour un traitement médical à l'étranger.

« Avant de partir, elle a juré de ne plus se livrer à l'étranger à des activités portant atteinte à la sécurité nationale. Mais, les faits de ces dernières années montrent qu'elle n'a fait que tromper le monde, puisqu'elle n'a jamais cessé ses activités visant à diviser la Chine, à saboter l'unité ethnique et à saper l'harmonie et la stabilité au Xinjiang », déplorent les autorités chinoise.

 

Carrefour commercial et religieux

La région autonome Uygur du Xinjiang, appelée également Xinjiang en abréviation, se situe sur la frontière nord-ouest de la Chine, à l'intérieur du continent eurasiatique et couvre une superficie de 1 664 900 km². Ce qui fait un sixième du territoire chinois. Elle partage une frontière terrestre de 5 600 km avec huit pays sur et elle fut, jadis, un passage important de la Route de la Soie. Selon les statistiques de l'an 2000, le Xinjiang comptait 19,25 millions d'habitants dont une grande majorité appartenant à des communautés ethniques autres que Han. Aujourd'hui, étant l'une des cinq régions autonomes d'ethnies minoritaires de la Chine, il abrite 47 ethnies dont les Uygur (Ouïgours), les Han, les Kazak (Kazakhs), les Hui, les Mongols, les Tadjiks), les Ouzbeks), les Tatars, les Russes...

Etant un lieu de passage et le nœud principal des échanges économiques et culturels entre l'Orient et l'Occident, le Xinjiang est depuis l'antiquité une région où coexistent plusieurs religions. Avant l'introduction de l'islam, le zoroastrisme, le bouddhisme, le taoïsme, le manichéisme et le nestorianisme avaient déjà été pratiqués au Xinjiang grâce à la Route de la Soie. Elles s'y propageaient en même temps que les religions primitives locales. Après l'introduction de l'islam, non seulement la coexistence de plusieurs religions a été maintenue au Xinjiang, mais aussi le protestantisme et le catholicisme y ont été introduits.

Depuis que l'islam est devenu la religion principale des Uygur et des autres ethnies, le zoroastrisme, le manichéisme et le nestorianisme que pratiquaient ces ethnies ont disparu progressivement tandis que le bouddhisme et le taoïsme subsistent. A partir de la dynastie des Ming, le bouddhisme tibétain a connu un grand développement pour devenir l'une des deux religions principales du Xinjiang avec l'islam.

Mais, depuis le début du XXe siècle, une petite poignée de séparatistes et d'extrémistes religieux du Xinjiang, influencés par le courant international d'extrémisme religieux et de chauvinisme ethnique, ont politisé le terme géographique non standardisé du « Turkestan oriental ». Pour ses précurseurs, « la Chine est l'ennemi du peuple du Turkestan oriental depuis trois mille ans ».

 

Un essor économique palpable

Avant la fondation de la République populaire de Chine,le Xinjiang avait une économie naturelle basée sur l'agriculture et l'élevage. L'industrie y était tellement arriérée qu'on ne trouvait aucun pouce de chemin de fer, aucune usine ou aucune mine satisfaisante.Dans certaines régions, il manquait toujours des céréales et « les habitants menaient une vie misérable ». Le 25 septembre 1949, le Xinjiang a été libéré pacifiquement. Le premier octobre 1955, la Région autonome Ouigour du Xinjiang a été fondée, ouvrant une nouvelle page de l'histoire du Xinjiang.

Au cours d'un demi-siècle, le Xinjiang a connu une croissance rapide dans tous les domaines économiques et sociaux. En 2001, le produit intérieur brut (PIB) du Xinjiang a atteint 148,548 milliards de yuans, soit 42,9 fois plus qu'en 1952 ou une augmentation moyenne annuelle de 8,0 % selon une valeur constante. Le PIB par habitant est passé de 166 yuans en 1952 à 7 913 yuans en 2001.

La capacité générale de la production agricole a augmenté sensiblement. Grâce à la mise en valeur et aux constructions durant un demi-siècle et surtout depuis la réforme et l'ouverture, un réseau d'irrigation des champs a pris forme dans la région et le niveau des infrastructures modernes s'est élevé.

La puissance industrielle s'est renforcée rapidement. Au début de la fondation de la Chine nouvelle, le Xinjiang ne comptait que 363 entreprises industrielles pour une valeur de production annuelle de 98 millions de yuans. En 2001, les entreprises industrielles d'échelon du canton et au-dessus ont été au nombre de 6 287 pour une valeur ajoutée de 45 milliards de yuans.

Et au cours de l'élaboration et l'exécution de dix plans quinquennaux, le gouvernement central a classé toujours les projets de la construction des infrastructures, du développement des infrastructures agricoles et de l'édification du système industriel moderne du Xinjiang parmi ses projets clés. Ce qui prouve à souhait que les arguments évoqués par la dissidence et leurs alliés occidentaux ne tiennent pas !

                                                  (Rédigé par Alphaly, publié sur <<LesEchos>> du 15 Juillet)